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Souvenirs de Eugène Le Gall

Sur le SS Wyoming (1942-1943)

Odyssée d’un convoi torpillé

Arrivée à New-York

Naviguant isolément, il nous était permis, et même nécessaire d'ouvrir le pli secret. L'enveloppe aux 5 cachets rouges fut donc sortie du coffre fort. Nous sûmes ainsi que la destination était New-York. En conséquence la route fut inclinée un peu sur tribord, de façon à passer au nord des Bermudes et rejoindre le dernier point de changement de route, à environ 300 miles de l'est du cap Hatteras.

Le temps s'était amélioré, mais la température était très basse. Cela devint surtout sensible quand on eu traversé le gulf stream. L'eau de mer tomba en 10 minutes d'une dizaine de degrés.

Dans la matinée du 9 je fus témoin d'un phénomène que je n'avais encore jamais vu: la mer qui "fume". Des flocons de brume couraient rapidement à la surface des eaux. Un ciel d'un gris intense et tout noir à l'horizon achevait de donner une allure fantastique à ce paysage d'eau.

Le 10 au matin, on aperçut quelques navires à l'horizon de l'est, et même un dirigeable. Peu après, on eut connaissance de la côte de Long Island. Celle de New jersey restait noyée dans la brume. Un ballon vint nous survoler et on échangea les signaux de reconnaissance.

A 14h nous étions à la limite des champs de mine, signalés par la bouée Z. Le chenal de sécurité fut embouqué, et à 18h on stoppait au bateau-feu d'Ambrose, où l'on embarqua le pilote de mer. A 21h on était dans les «Narrows» ou détroit séparant Long Island de Staton Island.

Peu après, le navire jetait l'ancre au milieu d'un pagaïe inouïe de navires, telle qu'au changement de marée, à 2h du matin, je dus manoeuvrer les machines pour éviter un abordage.

 

©titanne
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Mis à jour le 30 juillet 2010



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